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Logique internationale et développement local : un compromis politique dans le Cameroun indépendant
Auteur du dossier : Joseph de Vitry
(Institut pour l'Histoire de l'Aluminium (IHA))
Après une période d’affrontements entre les autorités françaises et les nationalistes de l’Union des populations du Cameroun (UPC), l’indépendance du pays est proclamée le 1er janvier 1960, au terme d’un processus négocié qui porte au pouvoir le président Ahmadou Ahidjo. Le gouvernement camerounais, qui prend une part croissante dans le capital d’Alucam jusqu’à atteindre 47% en 1990, souhaite développer une filière locale de l’aluminium, aussi bien vers l’amont que vers l’aval. Le premier de ces vœux ne sera jamais réalisé, Alucam continuant à s’approvisionner en alumine en Guinée. Mais dès 1960, la Socatral (Société camerounaise de transformation de l’aluminium) est créée à Edéa pour le laminage et la fabrication de tôles ondulées destinées à l’habitat, tandis qu’en 1961 le fabricant d’articles de ménage Alubassa devient propriété d’Alucam, consacrant ainsi la politique de développement d’un marché de l’aluminium au Cameroun. Dès lors, l’entreprise investit dans des tournées publicitaires destinées à faire adopter le métal léger aux Camerounais, à travers des cases en tôle ondulée et des articles de ménage. L’essentiel de la production camerounaise d’aluminium reste cependant destinée à l’exportation.
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Alucam, à l’origine simple usine française en Afrique, se mue ainsi en groupe industriel intégré vers l’aval et partenaire de l’effort public de développement. Si l’entreprise ne peut à elle seule être la locomotive de l’industrie africaine, elle dynamise dans les années 1960 et 1970 le tissu économique local, par le développement d’une industrie de transformation, la création d’infrastructures, les salaires versés aux employés et la transmission des savoir-faire.
Alors qu’à l’origine, toutes les techniques et machines nécessaires à la construction de l’usine d’Édéa sont importées d’Europe, Alucam s’efforce progressivement, parfois sous la pression du gouvernement camerounais, de transmettre un savoir-faire, dans un pays où les formations aux métiers industriels sont quasi-inexistantes. À la formation sur le tas des ouvriers s’ajoute la politique de « camerounisation » du personnel d’encadrement, mise en place dès 1960, date de l’ouverture du centre de formation « Le Fromager », où sont organisés des stages théoriques pour former des Camerounais aux fonctions d’agent de maîtrise ou de chef d’équipe. Dans les années 1970, l’ouverture de l’École polytechnique de Yaoundé permet de recruter de jeunes cadres : alors qu’Alucam ne compte qu’un cadre camerounais en 1970, ils sont 20 en 1981. Ils bénéficient eux aussi de sessions de formation, notamment à Saint-Jean-de-Maurienne, et remplacent progressivement les cadres européens. Cette politique de « camerounisation » aboutit avec la nomination du premier directeur général camerounais, Justin Ndiori, en 1988. Le fait que plusieurs cadres camerounais travaillent aujourd’hui dans les usines d’Alcan à travers le monde est le signe d’une politique de formation professionnelle réussie, qui a permis de doter le Cameroun de cadres aussi bien formés que leurs homologues européens.
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Date de mise en ligne : 23 septembre 2013 | |
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