En 1925, la Compagnie des produits chimiques et électrométallurgiques Alais, Froges et Camargue (AFC) rachète l’usine de Rioupéroux à la Société des forges et aciéries de Firminy. L’usine initiale, construite en 1816 par la Société des hauts fourneaux et aciéries, est restructurée en 1864 afin d’accueillir une papeterie industrielle ce qui engendre la construction d’une centrale hydroélectrique. En outre, en réponse aux besoins de l’usine, un embranchement de la voie ferrée Grenoble-Bourg d’Oisans dessert le site dès 1894. Rachetée en 1900 par la Société de produit chimique, elle-même associée dès 1912 avec la Société des forges et aciéries de Firminy pour fabriquer des ferroalliages, l’usine de Rioupéroux dispose d’équipements modernes. La présence des infrastructures nécessaires au lancement de la production d’aluminium incite AFC à s’y installer. En 1926, Jean Grolée, alors directeur de la division des usines électrométallurgiques, fait installer les ateliers d’électrolyse et modernise la centrale hydroélectrique. La même année, la première série de cuves démarre.
Située en Isère, en région Rhône-Alpes, à 30 km de Grenoble, Rioupéroux est un village de la commune de Livet-et-Gavet. Installée dans la vallée encaissée de la Romanche, affluent du Drac, l’usine de Rioupéroux bénéficie de forts courants d’eau. D’autres entreprises attirées par des conditions naturelles favorables construisent des centrales hydroélectriques sur la commune le long de la Romanche dès 1896. Plusieurs usines s’installent : la papeterie Keller et Leleux, la compagnie d’électrométallurgie Ugine et la Compagnie d’acétylène et d’électrométallurgie.
Après le rachat par AFC, l’usine de Rioupéroux conserve une production de silicium, de ferro-silicium, de carbure de calcium et de silice dispersée, mais elle se spécialise dans la production d’aluminium primaire et se dote d’une fonderie d’alliages légers. L’usine de Rioupéroux se caractérise par plusieurs innovations technologiques : en 1934, les ingénieurs de l’usine mettent au point la coulée par le vide qui facilite l’utilisation des cuves à anodes Söderberg à goujons obliques, puis, en 1963, ils mettent en place les premiers ponts polyvalents mécaniques de service des cuves.
Dans cette vallée peu habitée, l’usine draine de nouvelles populations, essentiellement une main-d’œuvre étrangère provenant d’Italie, de Pologne et de Russie. Afin de stabiliser ces populations, d’importantes cités ouvrières sont construites autour de l’usine, notamment une des premières cités de type HLM dans les années 1950.
La proximité de Grenoble favorise la circulation des idées et encourage la mobilisation des ouvriers.
L’usine de Rioupéroux emploie à son démarrage plus de 350 personnes. En 1991, l’année de sa fermeture, seulement 61 employés travaillent encore pour Pechiney.
L’usine de Rioupéroux est victime, comme l’usine de Noguères, du plan de restructuration Pechiney Ugine Kuhlmann de 1982 dont l’objectif est de réduire par étape la production d’aluminium en France. L’arrêt progressif des séries de cuves à Rioupéroux est annoncé en 1986 et l’activité de l’usine cesse définitivement en 1991.
Sources principales consultées
MOREL, Paul. Monographie technique de l’usine de Rioupéroux [Etude]. Paris : Institut pour l’histoire de l’aluminium, 1987, 12 p. (IHA, cote : IHA-TA-046.09)
SICHERI, Fabrice. La Romanche au temps des usines. Des industries et des hommes à Livet et Gavet, 1900-1940. Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble, 1992, 208 p. (IHA, cote : IHA-LIV-4 sic 01)
VINDT, Gérard. Les hommes de l’aluminium, histoire sociale de Pechiney : 1921-1973. Paris : les Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2006. 254 p. Collection Mouvement social (IHA, Cote : IHA-LIV-5 vin 01)